vendredi 19 juillet 2013

Coup de Foudre à L'Aliet

Lundi 15 Juillet 2013.

Après un weekend festif du quart de siècle de Chloë, nous partîmes, RobinOf, Chloë, Auré et Tej à treize heures de Rosuel chargés comme des mulets : un demi kilomètre de cordes et sangles en tout genre, perfo, matos de bivouac de luxe 4 étoiles et bouffe, dont des sauces et confiotes en bocaux (pour le plaisir des les porter aussi à la descente…), le poncho couvrant full laine de RObinOf 2x3… Bref à peu près 20kg par tête de pipe.



C’est parti pour 1200m de dénivelés afin de trouver un bivouac proche du col de l’Aliet.
En chemin s’offre à nous le sublissime lac de la Plagne, aux eaux généreuses et rafraichissantes, auxquelles RobinOf offre son corps dénudé d’éphèbe. Ok j’arrête… Marche de nouveau, dislocation du groupe dans le raide. Arrivée au bivouac à 17h30 (petit rognon rocheux et herbeux perdu au milieu de la neige) avec vu sur le gendarme, mais sans RobinOf… ! Au bout d’une heure, presque inquiets, Auré la machine, pas assez fatiguée, redescend à sa rencontre en courant. Robinof l’onirique contemplait simplement des troupeaux de chamois…

Bivouac en place, 500 grammes de pâtes et on s’enfile dans les duvets pour un réveil prévu à 3h du mat.
Surprise nocturne : Freud (qui était censé venir après sa journée de taf, mais dont on était sans nouvelles puisque le téléphone ne passe pas), arrive à 22h30, on est contents !!! (Il insiste pour qu’on écrive ça dans le compte rendu).

Mardi 16.

Panne de réveil… on se lève à 4h (pas pire…). Un grand café, deux trois céréales et en avant Guingamp. On bartasse 200m de déniv pour attaquer la grimpe à main nue et en baskets. Chouette escalade facile de type montagne, semi équipée (apporter quelques coinceurs). 

Après cinq-six longueurs variées et bucoliques sur fond de levé de soleil, on atteint le sommet de l’Aliet. Attaque de l’arête Est en corde tendue sur empilement d’assiettes. Le rocher se compacifie, zone ludo-grimpistique avant le fameux rappel menant au pied du fameux gendarme : 10h. 
Mine de rien, un peu entamés par cette approche, on casse un bout de croûte salvateur sur une chouette vire au soleil. 

Début des hostilités slacklinesque. Départ d’Auré et RobinOf qui embrayent le 6c menant au sommet du gendarme (A0 possible). Tej ascensionne l’autre bitard (du 5, pas équipé) pendant que Chloë prépare le matos de high line et Freud ronfle vaché à la vire. Rocher béton, installation aisée*.

La ligne fait une quinzaine de mètres avec 60m de gaz direct dans une belle ambiance avec vue panoramique à 360° sur les sommets et lacs avoisinants. Bref, « Coup de Foudre ».

Il est 14h, le ciel commence à se charger mais les orages annoncés semblent être en retard. Nous décidâmes donc de slacker la belle, de la démonter et de se tirer rapidos (au départ nous pensions faire l’install, rentrer au bivouac pendant les orages et remonter slacker le lendemain). Petite session sympa pour tout le monde avant de plier les gaules. 
C’est décidé, on rentre par l’itinéraire classique de la course sur l’arête Est (3h dans le topo). La team se divise : RobinOf et Auré descendent du gendarme et partent devant. Il est 16h. On commence à être vraiment cuits mais c’est parti : premier rappel on coince la corde, s’ensuit une traversée bien branlante et pourrave, puis une montée en 3 sur un empilement de petits blocs instables. On atteint une arête type « pierrier incliné bien casse gueule ». Durant les 45 minutes qui nous séparent du rappel suivant, les nuages se font plus menaçants et la grêle se met à égayer notre chemin du retour. Quelques coups de tonnerres, on fait le rappel, et nous voilà trempés, en plein brouillard : ambiance Ben Nevis ! Juste après, la foudre et la pluie grêleuse incessante nous invitent à une petite pause à l’abri d’un rocher. Accalmie-éclaircie, on reprend notre marche pour atteindre le versant sud d’où on aperçoit Auré et RobinOf au fond de la vallée qui remontent chercher les affaires laissées au bivouac : ils ont pris une belle avance les bougres ! On apprendra plus tard qu’étant un poil paumés, ils ont trouvés un raccourci bien engagé que l’on ne conseillera à personne…
La suite jusqu’au Mont Blanc de Peisey nous prendra encore pas mal de temps entre brouillard, pluie, coup de tonnerre et recherche d’itinéraire.
On attaque la descente, plutôt hésitants (sous le seul cairn de la course) dans un couloir de vire à chamois bien escarpé sans voir à 20m. Une bonne éclaircie nous permet de nous repérer un peu plus loin : nous sommes sur une arête entourée de barres rocheuses et pas vraiment sûres, malgré les infos du topo, de la suite du programme.
Freud allume son téléphone pour essayer de choper du réseau pendant que Chloë cherche un passage versant Mont Pourri : il est 21h.
Coup de bol on capte : coup de fil à un ami, après le 50/50, Gilles Broche nous donne la clef pour essayer de s’échapper de ce bourbier avant la nuit. Les sacs de 20kg, les pneus slick de Tej, la fatigue accumulée de la mission du jour, et la nuit tombante nous remémorent ces paroles de Robert Nesta Marley : everything is gonna be allraïïïte, everything is gonna be allraïïïte, no woman no cry, lallalallalla… Freud prend la pôle pour tenter de sortir de ce dédalle entre les barres rocheuses avant le noir complet. Traversée encore merdique, pierrier entre des petites barres, nous apercevons au loin l’échappatoire. La nuit est bien installée quand nous arrivons enfin sur le sentier de la montée. Sauvés, nous ne passerons pas la nuit trempés sur ce gros cairn foudroyant ! On retrouve ensuite nos deux chers compères au refuge d’Entre-le-lac à 23h, et on repart tous ensemble gaiement sous la pluie. Plus que 800m de dénivelé avec nos tonnes de matos… L’appel de la bière, la douche et la bonne plâtré de pâtes se fait sentir : nous serons finalement aux voitures à 1h du mat, bien contents de ces 22h de vadrouille !
Mais comme disait Marcel Proust : L'oubli est un puissant instrument d'adaptation à la réalité parce qu'il détruit peu à peu en nous le passé survivant qui est en constante contradiction avec elle.



* Masterpoint sur 3 points + back up général sur piton en place et un point de la voie 5-6 mètres sous le sommet, côté gendarme. 2 points pour la force et backup autour du bitard avec a peu près 10 m de stat en face. Apporter 4 plaquettes.

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